L'EPERON publie ICI un article sur le PAX et ses évolutions en 2024 :
L’outil d’aide au croisement imaginé par le Groupe France Elevage fête cette année ses dix ans. Le PAX, à partir de la caractérisation de la ou des juments, propose à l’éleveur les étalons les plus compatibles parmi ceux proposé dans le catalogue du GFE. Un outil “complémentaire” et “objectif”, destiné à accompagner les éleveurs dans leur prise de décision.
Cela fait dix ans qu’Arnaud Evain et ses équipes ont imaginé le premier outil d’aide au croisement, baptisé “PAX”. “J’ai passé quarante ans et deux jours à imaginer ce système“, sourit Arnaud Evain. “Quarante ans pour observer et acquérir certaines connaissances, et deux jours pour écrire son fonctionnement. Je me souviens par ailleurs bien de ces deux journées : j’étais coincé dans une chambre d’hôtel à Santiago du Chili. J’ai choisi de consacrer ces quarante-huit heures à la rédaction des différents critères de caractérisation des juments !“
“J’ai passé quarante et deux jours pour imaginer ce système. Quarante ans pour observer et acquérir certaines connaissances, et deux jours pour écrire son fonctionnement “ Arnaud Evain
Précurseur, le PAX s’est développé en partenariat avec le CIRALE, sous forme d’un algorithme qui calcule une compatibilité entre les caractéristiques des étalons et des juments. “Auparavant, nous procédions déjà à un accompagnement des éleveurs, mais uniquement de façon orale“, indique Brice Elvezi, directeur du GFE. “Le PAX a été pensé comme un outil complémentaire, ne prenant pas en compte de sentiment humain, ni de conseils qui pourraient être subjectifs. Car lorsqu’il y a un conseil humain, il y a forcément, même sans le vouloir, une part de subjectivité. C’est normal !“
L’objectif du PAX est de permettre aux éleveurs de caractériser leur(s) jument(s) plus ou moins précisément, et de leur permettre notamment d’établir des comparaisons entre les compatibilités jument/étalons. “Cela permet à l’éleveur, en premier lieu, de mieux connaître sa jument, car il doit la caractériser en rentrant dans notre logiciel certains critères. Ensuite cela donne matière à tester une même jument avec plusieurs étalons, et observer celui qui lui conviendrait le mieux. Et, pourquoi pas, d’établir un classement.”
Brice Elvezi indique que cet outil peut se révéler utile lorsque l’éleveur hésite par exemple entre deux reproducteurs. “Le PAX amène des réponses objectives aux questions qu’un éleveur se pose. Il n’a pas vocation à remplacer l’oeil, les préférences ou le ressenti humain. Mais c’est un outil qui peut apporter un éclairage différent, et donner un coup de pouce. Il est aussi possible de procéder à la caractérisation de plusieurs juments, et de voir laquelle irait le mieux avec tel reproducteurs. C’est le système du PAX inversé.“
Lorsqu’Arnaud Evain et les membres du GFE ont mis en place ce système, ils ont au départ proposé à l’éleveur de caractériser sa jument selon pas moins de quarante-quatre critères. Un souci de précision pour offrir les compatibilité les plus justes possibles. “Nous nous sommes cependant aperçus que ce système était assez complexe, et que beaucoup d’utilisateurs abandonnaient en cours de route“, poursuit le directeur. “Nous avons fait un travail de simplification de cet outil, mais nous souhaitions cependant maintenir un niveau de sérieux et de fiabilité. Et non le transformer en outil marketing, sans intérêt pour les éleveurs.” Les acteurs du GFE ont travaillé pour affiner le PAX et notamment pour qu’il soit plus simple d’utilisation. Et qu’il réponde toujours aux exigences des utilisateurs. “Aujourd’hui, à partir de onze critères précis, il est possible qu’un éleveur caractérise sa jument. Il aura alors de premiers résultats, et verra avec lesquels de nos étalons sa reproductrice est la plus compatible. S’il souhaite aller plus loin dans la description à faire de sa jument, il peut remplir jusqu’à vingt critères. Et cela donnera lieu à un résultat encore plus creusé. Dans les deux cas, la démarche est relativement rapide et simple à réaliser.“
Pour Arnaud Evain, le PAX est une façon d’inviter les éleveurs à cheminer aux côtés du GFE, afin de donner naissance à un poulain qui ressemble à leurs attentes. “Avec la caractérisation de la jument, le PAX va évincer d’emblée une trentaine d’étalons qui ne lui conviendraient pas sur les soixante-dix de notre catalogue“, indique-t-il. “Mais ce qui est intéressant est d’affiner ensuite subtilement la quarantaine d’étalons de notre collection qui conviennent à la jument, et de finalement offrir à l’éleveur le choix entre les deux ou trois restants, susceptibles de correspondre parfaitement à ses attentes.” Arnaud Evain, agronome de formation, explique s’être notamment inspiré des fiches de pointage bovines pour imaginer cet outil. “Avec le PAX, il y a une démarche qui est double : d’une part, on voulait apporter une meilleure connaissance des reproducteurs aux éleveurs qui, aujourd’hui, voient uniquement les étalons sur photos et vidéos, et ce qu’on veut bien leur en faire voir. Le reproduction aujourd’hui, ce n’est plus comme la monte aux haras d’il y a cinquante ans, où le propriétaire de la jument voyait l’étalon tenu en longe… D’autre part, le PAX nous permet de prendre parti par rapport à d’autres systèmes de pointage, de décrire les étalons et de transformer ces observations de caractéristiques en recommandations. Par exemple, nous allons clairement y faire entendre qu’une épaule inclinée est une prédisposition à une meilleure technique des antérieurs lors du saut.“
Plus de 2 000 juments ont été caractérisées via le PAX depuis sa création. “Nous sommes en train de faire une analyse sur les produits qui ont été créés à l’aide de cet outil“, poursuit Brice Elvezi. “Cela doit nous permettre d’observer la pertinence de nos conseils de croisements.” Ainsi, en fin d’année, le GFE attend les résultats de cette étude qui révélera si le PAX est un outil zootechnique pertinent. Quoi qu’il en soit, les utilisateurs du PAX augmentent d’année en année. Une personne, au sein du GFE, est ainsi chargée guider les internautes dans leur utilisation de l’outil. “Nous développons divers moyens pour accompagner les éleveurs, y compris sur le terrain, dans la caractérisation de leurs juments et dans leurs choix de croisements. Tout cela dans un souci de service.”
“Chacun a bien sûr ses idées, ses méthodes et sa philosophie d’élevage. Encore une fois, le PAX propose un autre angle, mais il ne remplacera jamais le savoir-faire des éleveurs“ selon Brice Elvezi
Brice Elvezi indique que dans le cadre des simulations proposées par le PAX, il n’y a pas d’étalon “idéal”, mais que la caractérisation à laquelle se prêtent les éleveurs peuvent amener des propositions intéressantes en termes de compatibilité. “Nous avons investi beaucoup de moyens dans cet outil et nous en sommes assez fiers. Il est gratuit, accessible à tous et est très régulièrement mis à jour.” En effet, chaque année, le catalogue du GFE s’enrichit de nouveaux étalons. Mais ces nouvelles entrées ne sont pas les seules mises à jour de l’outil. “Nous veillons à actualiser très régulièrement les caractéristiques des étalons, notamment en fonction de leur production, afin de proposer des réponses fiables aux éleveurs. Et nous allons sur le terrain chercher ces retours… Chacun a bien sûr ses idées, ses méthodes et sa philosophie d’élevage. Encore une fois, le PAX propose un autre angle, mais il ne remplacera jamais le savoir-faire des éleveurs. Je pense cependant qu’il peut être intéressant pour eux de confronter leurs idées avec un outil objectif, et pourquoi pas pour conforter un sentiment.” Arnaud Evain, pour conclure, indique que moult éleveurs sont friands de l’utilisation de cet outil. “Les éleveurs sont souvent éloignés des étalons qu’ils souhaitent utiliser. Grâce au PAX, nous leur apportons des observations et des réponses précises. Je pense que cela offre une image de sérieux, y compris à l’international.“
