S'adressant aussi bien aux professionnels qu'aux amateurs, le PAX est un outil d'aide aux croisements développé depuis dix ans par le Groupe France Elevage. Mis en place afin de conforter, comparer ou suggérer des croisements parmi les étalons du catalogue GFE, l'outil PAX est un outil précieux, gratuit et ouvert à tous.
« Quel étalon pour ma jument ? » Nécessaire décision de tout éleveur, qu’il soit professionnel ou amateur, le choix d’un étalon adapté à une jument n’est ni facile, ni anodin. Comment s’y retrouver parmi le vaste choix, suivre son feeling et en même temps suivre une méthode pour ne pas suivre qu’un affect sentimental ? « Nous avons créé le PAX pour travailler sur les conseils de croisement et affiner les choix des étalons avec nos clients. Chaque étalon est caractérisé sur ses points physiques puis, au fil des années, sur ses caractéristiques transmises. Le PAX est un outil évolutif qui fait appel à des données factuelles et objectives. C’est l’occasion de prendre du recul et d’avoir une vue d’ensemble du croisement avec ses points forts et les points sur lesquels il faut rester vigilants vis-à-vis des objectifs préalablement fixés », introduit Brice Elvezi, directeur du Groupe France Élevage, fondé à Falaise, dans le Calvados.
Le PAX est un programme labellisé par le Pôle Hippolia et développé en partenariat avec le Centre d’imagerie et de recherche sur les affections locomotrices équines (CIRALE). « Certains éleveurs amateurs l’imaginent trop compliqué, quand certains professionnels le supposent pour les amateurs… Il n’en est rien ! Le PAX est le fruit de plusieurs années de recherches et de caractérisations, de mises à jour et d’évolutions. Le Groupe accorde une grande importance au développement de cet outil, dont la prise en main et la lecture rapide font qu’il s’adresse à tous les éleveurs », reprend Brice Elvezi.
Le site du GFE invite l’éleveur à consigner les caractéristiques d’une à plusieurs juments. Les caractères portent sur la morphologie, la locomotion, la technique de saut, le mental, etc. « Il est conseillé de caractériser sa jument sur sa morphologie, sa locomotion et, si possible, sur son aptitude au saut, puis de revenir ensuite une à deux fois sur son jugement pour l’affiner. Cette observation peut évoluer dans le temps, notamment si la jument transmet à tous ses produits des caractéristiques différentes des siennes », développe Arnaud Evain, président fondateur du GFE et à l’origine de la création du PAX. « L’objectif est d’avoir un tableau de bord avec sa ou ses juments et ensuite de pouvoir tester différentes simulations de croisements, c’est là le vrai intérêt du PAX ! ».
Les critères du PAX se répartissent en deux séries :
- onze critères font l’objet d’une restitution visuelle immédiate de compatibilité sous forme de ronds de couleur vert, orange et rouge,
- dix critères supplémentaires (essentiellement morphologiques et locomoteurs) font l’objet d’une restitution graphique plus poussée.
L’éleveur note sa jument de 1 à 4 entre les deux extrêmes de chaque critère et l’algorithme calcule, avec les notes de l’étalon, la compatibilité.
Si la phase de conseil de croisement qui permet de comparer plusieurs étalons avec une jument et de bénéficier aussi de propositions d’étalons « compatibles » commence à bien fonctionner, une évolution a vu le jour ces dernières années pour les éleveurs avec plusieurs juments : le PAX Inversé. Il est très utile quand on veut utiliser un étalon en particulier et permet de voir en les comparant entre elles, quelle jument correspondra le mieux. C’est la finalité du tableau de bord où l’on retrouve toutes ses juments et qui permet de basculer d’une fonctionnalité à l’autre.
Si les origines n’étaient jusqu’alors pas prises en compte, un projet de développement est en cours pour simuler les pédigrées, connaître la composition raciale et le taux de consanguinité du croisement futur. Un autre volet est en cours de réflexion pour la discipline du dressage. « Le PAX est un outil évolutif et les équipes du GFE ont encore plein d’idées pour le faire évoluer », ajoute Brice Elvezi.
Si plus de mille juments ont été caractérisées, une étude est en cours sur celles qui ont déjà des produits en compétition afin d’affiner la pertinence du conseil à moyen et long terme. En étudiant à postériori les indices des produits issus des juments et des étalons notés dans le PAX, il est possible de rapprocher les performances obtenues avec la couleur du conseil donné par le PAX. Cette étude est en cours et sera publiée en fin d’année mais, selon Arnaud Evain, « la tendance confirme une pertinence sur le long terme. Les premiers résultats intermédiaires indiquent très clairement que la population de chevaux issus de croisements recommandés par le PAX a un meilleur niveau de performances que celle des chevaux issus de croisements jugés risqués par l’algorithme ».
Si le PAX est déjà reconnu comme un moyen de se rapprocher de la morphologie et de la locomotion souhaitées par l’éleveur pour son poulain, la confirmation des résultats de l’étude en cours permettra d’ajuster les mécanismes de l’algorithme de calcul qui construit le conseil de croisement.
Le PAX est ainsi un outil d’aide aux croisements pour conforter une idée, chercher une suggestion ou choisir une de ses juments pour l’étalon que vous voulez utiliser. Il séduit également à l’international. « Chaque éleveur fonctionne avec sa méthode et son instinct ; le PAX s’affirme d’année en année comme un outil complémentaire efficace de préparation et d’accompagnement de ses choix », conclut Brice Elvezi.