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PROGRES GENETIQUE : MODE D'EMPLOI

PROGRES GENETIQUE : MODE D'EMPLOI

Justinien de Vains (UNTOUCHABLE 27) 

Il ne fait de doute en l’esprit de personne que le niveau moyen des chevaux au départ d’un Grand Prix 140 ou 160 est aujourd’hui très supérieur à ce qu’il était il y a 30 ans. C’est le fruit du travail de sélection des éleveurs qui ont fait évoluer la valeur génétique de leurs chevaux avec le temps et obtenu en l’occurrence un « progrès génétique ». Derrière ce terme, souvent utilisé de manière un peu imprécise, s’abrite une nécessité concrète : poursuivre nos efforts de sélection pour rester compétitifs par rapport aux attentes de nos clients et aux progrès de nos concurrents.

Le site equipedia.ifce.fr proposait le 9 Avril 2021, sous la plume de Marion Sabbagh, un très intéressant rappel des principes de base du progrès génétique et des définitions claires des termes s’y rapportant. Pour progresser, l’éleveur doit se fixer un ou des objectifs de sélection. Ils peuvent être simples comme la taille, le chic, l’amplitude des allures ou plus complexes comme la rusticité, la facilité sous la selle ou l’aptitude à la performance. Les objectifs complexes sont en général le résultat de la combinaison de paramètres simples qu’il est utile d’essayer d’identifier.

Premier conseil : Si on se fixe des objectifs de progrès complexes, il faut les décomposer en objectifs simples pour y parvenir.

Pour évaluer le progrès génétique d’une génération à l’autre il faut que les objectifs qu’on s’est fixé soient mesurables et ne retenir que les paramètres héritables parmi ceux qui permettent d’atteindre cet objectif. Si on mesure un progrès dans la facilité d’utilisation, il faut par exemple faire abstraction de la qualité du cavalier… C’est le travail des Organismes de Sélection que sont les associations de races. Le Selle Français met actuellement en œuvre d’importants moyens pour tirer des enseignements de l’ensemble des données de jugement en concours d’élevage depuis plusieurs décennies. Quelques règles de base sont communes à toutes les démarches de sélection visant à obtenir un progrès génétique chez des êtres vivants :

• Quand on veut avancer dans plusieurs directions à la fois, on avance moins vite dans chacune que si on en privilégie une seule.
• Certaines directions peuvent s’avérer voisines et corrélées de manière positive (amplitude au modèle et amplitude des allures), d’autres sont indépendantes (chic et taille), elles peuvent faire l’objet de progrès simultanés.
• Certaines directions sont plutôt contradictoires et peuvent être corrélées négativement (poids du squelette et sang) et on ne peut que très difficilement progresser dans les deux à la fois.

Deuxième conseil : Se fixer des objectifs simples, peu nombreux et compatibles entre eux.

Les trois facteurs qui déterminent le progrès génétique dans une direction sont :

L’intensité de la sélection : pourcentage de mâles devenant reproducteurs parmi l’ensemble des candidats et pourcentage de femelles mises à la reproduction au sein de la population en âge de se reproduire. On ira plus vite avec les 1% des meilleurs mâles sur un critère choisi et en les croisant avec les 10% des meilleures femelles selon le même critère que si on ouvre plus largement.
La précision de la sélection, qui est la corrélation entre la mesure du critère retenu pour progresser et son héritabilité. On ira plus vite pour augmenter la technique des antérieurs si on utilise la note obtenue en concours d’élevage sur ce critère plutôt que le pourcentage de sans-fautes à 4 ans qui met en jeu beaucoup d’autres facteurs que le style des antérieurs...
L’intervalle de génération, qui est l’âge moyen de la population de la génération des parents lors de la naissance des poulains. Toutes choses égales par ailleurs, le progrès sera d’autant plus rapide que cet intervalle sera court pour les critères retenus.

Troisième conseil : Faire confiance aux reproducteurs jeunes si leurs caractéristiques propres sont sensiblement meilleures que la moyenne. 

La valeur génétique d’un étalon ou d’une jument, pour un critère héritable comme le chic par exemple, se mesure en caractérisant ses descendants sur ce critère. Elle se précise au fur et à mesure que le nombre des descendants évalués augmente. Un testage précoce sur descendance des jeunes reproducteurs permet de confirmer (ou pas…) la transmission de leurs caractéristiques favorables et de valider (ou pas…) leur intérêt pour progresser dans la direction souhaitée. C’est bien évidemment valable pour les reproducteurs des deux sexes !

Quatrième conseil : A l’issue du testage d’un jeune reproducteur et indépendamment de ses performances propres, il faut s’intéresser à sa valeur génétique sur les critères de sélection retenus.

Présenté ainsi, le progrès génétique semble être un concept simple et accessible à tous, à condition d’avoir un peu de temps devant soi. Nous savons tous que ce n’est pas simple de progresser et l’art de l’éleveur en matière d’accouplements réside dans la mise en œuvre simultanée de ces quelques principes de base :

• Déterminer et savoir évaluer les directions simples et prioritaires dans lesquelles avancer pour se rapprocher de ses objectifs.

• Savoir évaluer ses reproductrices et les situer par rapport aux critères de progression retenus. • Utiliser en priorité les plus jeunes étalons, d’autant plus qu’ils auront confirmé avec leurs premiers descendants, leur valeur génétique pour les critères retenus.

• Être observateurs, pragmatiques et… patients ! La transparence dans la valeur génétique estimée sur les 21 critères du programme PAX et les algorithmes du PAX express et du PAX inversé témoignent de notre volonté de vous accompagner le mieux possible dans votre désir de progrès.
Vous les retrouvez sur chaque page étalon de notre catalogue et sur notre site internet.

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