LES PROGRES DES OUTILS NUMERIQUES VONT-ILS CHANGER LE MONDE DU CHEVAL ?
Les technologies numériques nous accompagnent au quotidien et le monde du cheval n’échappe pas à leur emprise. On nous parle de plus en plus de l’Intelligence Artificielle qui, selon la définition de l’encyclopédie (numérique…) Wikipedia « est capable d’apprendre à réaliser n’importe quelle tâche cognitive propre aux humains et aux autres animaux ». Le curage des boxes et le pansage ne font hélas pas partie des « tâches cognitives » et resteront longtemps un privilège des humains… mais force est de constater que l’IA est déjà présente à leurs côtés dans bien d’autres activités et ce n’est pas fini !
Les avancées dans le domaine de l’imagerie médicale chez les humains laissent augurer qu’elle pourra demain, pour les chevaux, aider à interpréter les radios, scanners et autres échographies. Le suivi ovarien pour la prédiction et le contrôle d’ovulation, le suivi des gestations vont à coup sur bénéficier des progrès à venir dans ce domaine. On peut même aller plus loin et imaginer que l’implantation de capteurs biologiques sur nos chevaux et leurs équipements vont faire évoluer notre quotidien dans leur suivi au travail et à l’élevage. Il y a déjà des exemples comme le système Easy Foal qui, à partir de l’analyse des mouvements de la queue d’une jument par un capteur et à l’aide d’un algorithme, alerte à distance l’éleveur de l’imminence du poulinage.
Un étalon faisant la monte en liberté dispose de moyens visuels et olfactifs pour choisir le juste moment de l’accouplement et il est vraisemblable que des systèmes embarqués par les juments pourront dans un avenir prévisible apporter les mêmes informations aux inséminateurs. L’analyse en temps réel de paramètres biologiques (sang, cœur, respiration…) et leur suivi longitudinal sont déjà utilisés par les entraîneurs mais les évolutions numériques de la capacité à recevoir, transmettre et interpréter les résultats vont certainement changer les habitudes.
Nous évoquions l’an dernier les progrès de la génomique, qui n’ont pas encore donné de résultats spectaculaires. Il est certain que l’augmentation de puissance des gros calculateurs va accélérer les découvertes à venir en comparant les cartes du génome des milliers de chevaux déjà génotypés avec leurs performances. Des travaux de ce type ont fait évoluer l’élevage bovin et ils changeront demain les méthodes de travail des sélectionneurs d’étalons que nous sommes. Notre outil du PAX dans sa version actuelle est certainement amené à évoluer et nous sommes très attentifs aux progrès en la matière.
Dans le domaine de l’équitation aussi de nombreux bouleversements sont à attendre. Les jeux vidéos ont conquis un large public et des sports comme le football et la course automobile sont aujourd’hui largement pratiqués de manière virtuelle. Compte tenu du grand nombre de ses licenciés, il ne fait pas de doute que l’équitation va suivre ! Dans un premier temps derrière un écran et demain sur un mannequin animé et connecté avec un casque d’immersion 3D, nos apprentis cavaliers pourront s’exercer, se perfectionner et sans doute concourir entre eux.
Ce développement des sports équestres « virtuels » n’est pas incompatible avec celui de la pratique réelle ; ils peuvent même s’encourager l’un l’autre… et pourquoi pas imaginer, dans un métavers à venir, des élevages de chevaux virtuels dans lesquels les choix génétiques et les soins détermineraient le logiciel comportemental de chevaux numériques utilisés par la suite dans des compétitions « imaginaires » ?
On n’en est pas encore là, et il nous reste des boxes à nettoyer et des chevaux à panser avant d’y venir, mais il faut garder à l’esprit que le futur, proche et lointain, sera fortement influencé par le recours à l’Intelligence Artificielle et la rapidité des super calculateurs.