UNTOUCHABLE 27
Les considérations commerciales et l’imaginaire occupent une place beaucoup plus importante dans l’élevage de chevaux de sport que dans celui des autres animaux domestiques. Le progrès génétique et des considérations économiques font que, dans la quasi-totalité des espèces animales on privilégie fortement les reproducteurs jeunes. Il est extrêmement improbable de voir dans une même étable les arrières petites filles et les filles d’un même taureau. Un tel scénario se produit souvent sur les terrains de CSO.
Notre mission, au GFE, consiste à vous donner l’ensemble des informations utiles pour vous permettre d’arbitrer entre les considérations zootechniques et commerciales pour choisir vos accouplements.
Le progrès génétique commande de faire plutôt confiance à la génération N+1 qu’à la génération N. La connaissance des caractéristiques transmises à la descendance commande de faire plutôt confiance à la génération N que N+1. Le prix de saillie atttactif des jeunes incite à faire plutôt confiance à la génération N+1 que N. La notoriété des grands performers, porteuse de rêve pour les descendants incite à faire plutôt confiance à la génération N que N+1, etc… En attendant que la génomique vienne éclairer (ou compliquer) le débat, nous disposons avec les banques de données du SIRE d’une mine d’informations précieuses et sous utilisées.
Le Selle Français a décidé de s’y intéresser de près pour répondre principalement à deux interrogations :
• Quelles sont les relations entre les évaluations au modèle et au saut en liberté à 2 et 3 ans et les résultats sportifs ultérieurs ?
• À valeur génétique comparable, y a-t-il une influence de l’âge des reproducteurs au moment de l’accouplement sur la performance ultérieure des produits ?
Le GFE s’intéresse particulièrement à ce deuxième thème et participe activement au travail en cours qui est susceptible d’aider éleveurs et étalonniers dans leurs programmes d’élevage respectifs.
En remontant sur 50 ans de données SIRE et en constituant des groupes de reproducteurs mâles et femelles de valeur génétique comparable (avec le BLUP) il sera possible d’éliminer les causes environnementales et génétiques et de regarder s’il existe ou non des raisons d’ordre physiologique, indéterminées à ce jour, qui pousseraient à faire confiance aux reproducteurs jeunes. Si ce n’est pas le cas, on pourra en finir avec la croyance dans le proverbe africain qui dit que « tes enfants seront d’autant plus vigoureux que tu es vigoureux quand tu les fais » et si c’est le cas, cela justifiera la démarche des éleveurs qui font reproduire leurs très jeunes juments et des étalonniers qui font des provisions importantes de semence de leurs jeunes étalons.
Cela permettra également d’éclairer le débat sur l’intérêt zootechnique de commencer à mettre des reproducteurs mâles et femelles à l’élevage à l’issue d’une longue carrière sportive ainsi que sur l’ICSI avec des reproducteurs ou très âgés ou morts. ELYRIA a conçu I LOVE YOU à 3 ans et NARCISSE a pouliné de FLAMBEAU C à 19 ans… Au-delà des intuitions, des exemples et des contre exemples, nous attendons avec curiosité en 2023 les résultats de cette étude et nous nous en ferons l’écho dès qu’ils seront connus.