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COMMENT LIRE LES CLASSEMENTS DES ÉTALONS

COMMENT LIRE LES CLASSEMENTS DES ÉTALONS

DIARADO N°1 Mondial en CCE au classement WBFSH 

Prédire ou constater la qualité d’un reproducteur à partir de ses caractéristiques et performances propres ou de celles de ses descendants est un exercice très répandu dans l’élevage d’animaux de rente, et le monde du cheval n’y échappe pas.

L’INDICE INDIVIDUEL DE COMPETITION :

Pour les chevaux, l’instrument de mesure de la qualité est généralement le gain en compétition ou dans certains cas, le simple parcours sans faute. Le premier résultat de ces mesures est l’indice individuel en compétition : ISO pour le saut d’obstacle, ICC, IDR etc… Son calcul est essentiellement basé sur le rapport entre les gains en compétition du cheval et le gain moyen des chevaux engagés dans les mêmes compétitions. L’indice moyen global est 100, les chevaux indicés au-dessus de 120 représentent 12.5% de la population. Son utilisation pour prédire la valeur génétique d’un reproducteur relève d’un calcul complexe qui prend en compte les indices des ascendants, les performances individuelles et enfin les indices des descendants. Il en résulte un indicateur, le Blup, qui permet de prédire l’indice moyen des descendants d’un reproducteur. Il est de plus en plus précis au fur et à mesure que son calcul est basé sur un grand nombre d’information. Il a été utilisé à la fin du siècle dernier comme outil de sélection et, entre autres, pour approuver les étalons. Jugé trop complexe à interpréter et incomplet, il a peu à peu été mis au rebut par la communauté des éleveurs. La « borne basse du BLUP » a été longtemps utilisée dans certaines publications, comme le guide de l’élevage de l’Eperon puis le «Special Elevage» de Grand Prix, pour proposer des classements d’étalons. C’est un indicateur pertinent de l’intérêt génétique minimal d’un reproducteur et c’est, selon nous, une information très utile. Il existe d’autres classements qui semblent plus faciles à interpréter mais dont il faut bien comprendre le mode de calcul pour mesurer l’intérêt et les limites.

LA BORNE BASSE DU BLUP

Le site Equipedia permettra aux férus de mathématiques de rentrer dans les détails du calcul du Blup. La valeur absolue du Blup mesure l’indice moyen en compétition attendu pour l’ensemble des descendants d’un étalon ou d’une poulinière. Son CD (coefficient de détermination) mesure la précision de l’information. Le Blup varie en valeur absolue au fur et à mesure que la quantité d‘informations augmente. C’est ainsi qu’un très bon performer aura un Blup élevé grâce à ses résultats personnels mais s’il produit mal, la valeur du Blup baissera par la suite et inversement ! La borne basse du Blup est la valeur en dessous de laquelle le Blup a 95% de chances de ne pas descendre avec le temps. Elle indique donc « à minima » la valeur génétique d’un reproducteur.

LE CLASSEMENT WBFSH :

Le plus ancien est le classement WBFSH qui attribue des points à tous les chevaux classés dans les épreuves dites « ranking », c’est-à-dire 1m45 et plus, distribuant un minimum de dotation fixé par la FEI. Elles sont réparties en 4 groupes A, B, C, D, qui dépendent du niveau de difficulté et attribuent plus de points au fur et à mesure que le niveau monte. Elles permettent de classer les chevaux et les éleveurs, par nombre de points obtenus et les studbooks par le total des points marqués par les 6 meilleurs représentants de chacun (le Selle Français est en tête depuis 2 ans). 
Les points permettent également un classement des étalons par le total des points cumulés de leurs descendants (encadré 1). Le classement met en valeur les chevaux de haut niveau. Environ 6000 d’entre eux reçoivent des points. Ils ne représentent que 15% des plus de 40 000 chevaux engagés en compétitions internationales. Le classement avantage les étalons ayant un grand nombre de descendants mais il met bien en évidence les pères de chevaux de très haut niveau. Même avec beaucoup de descendants, impossible d’intégrer ce classement si trop peu d’entre eux performent au niveau élevé. 
Si, pour gommer un peu l’effet «nombre» on procède pour les étalons comme pour les studbooks, c’est à dire qu’on ne retient que les 6 meilleurs descendants de chaque étalon, le classement change un peu mais n’est pas bouleversé puisque 8 des 10 premiers demeurent dans le Top 10. 
Les progressions les plus spectaculaires sont enregistrées par Bisquet Balou qui passe de la 56e à la 25e place (+31), Connor 24e au lieu de 48e (+24) et Bustique 18e au lieu de 39e (+21). Les plus gros reculs sont enregistrés par Verdi qui perd 17 places (35e au lieu de 18e) et Thunder vd Zuuthoeve qui en perd 10 (30e au lieu de 20e).

LE SITE HIPPOMUNDO :
 
La base de données du site HIPPOMUNDO prend en compte l’ensemble des sommes gagnées par les 41 584 chevaux classés en épreuves internationales lors des 12 derniers mois (nombre constaté au 11/11/24). On peut mesurer la performance des descendants d’un étalon en utilisant l’ensemble des résultats ou en filtrant avec le niveau d’épreuves, le nombre minimum de descendants ou de participations prises en compte, leur sexe, la période calendaire, leur âge, etc...
Les tableaux qui apparaissent (encadré 2) mettent en évidence le total des gains des produits d’un étalon, le nombre de produits, le nombre de parcours pris en compte, le % de victoires et de classements et le gain moyen par descendant.
Cet outil, très souple, apporte beaucoup de réponses à condition de poser clairement les questions et de bien interpréter les résultats.
Un étalon dont beaucoup de descendants performent en épreuves de CSI 1 et 2* avec des amateurs verra sa moyenne de gains par descendant diminuer par rapport à un autre dont les produits sont moins faciles pour « Monsieur tout le monde » mais performent à haut niveau. Il sera alors intéressant pour les comparer de prendre en compte le % de classements et de filtrer par niveau minimum (encadré 4 sur la page suivante).
La souplesse et la transparence de la base Hippomundo en font un outil instructif et très performant mais on peut regretter que le critère retenu soit celui du gain brut car il n’est pas le meilleur reflet de la performance, surtout à haut niveau.
Par exemple, Dubaï du Cèdre a obtenu près de 600 000 € de gains sur 12 mois au 15/11/2024 dont la moitié pour sa seule victoire à Prague et rien pour sa médaille olympique par équipe ni son classement individuel.
Lors des 12 mois précédents elle avait récolté 100 000 € à Riyahd mais moins de 20 000 € à Milan pour sa médaille aux Championnats d’Europe.
L’encadré 3 illustre de quelques exemples le poids excessif des « super dotations » quand il est pris au pied de la lettre dans les classements : quand les gains des 5 meilleurs produits de Diamant de Semilly ou Kannan ne représentent qu’un tiers du total des gains de leurs descendants, ils en représentent les 3/4 pour leur dauphin Eldorado vd Zeshoest et la quasi-totalité pour certains étalons du Top 50 Hippomundo (encadré 3).

 

LE SITE HORSETELEX :

Le site HORSETELEX propose une approche différente dans la mesure où il privilégie le niveau de performances plutôt que les sommes gagnées.
Chaque cheval se voit attribuer un nombre de points par parcours en fonction du niveau de l’épreuve et de son résultat, même s’il n’est pas classé. C’est ainsi qu’un sans-faute lent et « non classé » dans une épreuve 160 rapportera plus de points qu’une troisième place dans une épreuve de vitesse au niveau nettement inférieur.
Les classements individuels (ISV) et sur descendance (IPV) se font en fonction du nombre de points moyen obtenus par cheval participant à des compétitions internationales. L’indice IPV (International Progeny Value) fait l’objet d’un classement annuel et d’un classement permanent (Dynamic IPV) sur les 12 derniers mois. Il existe 5 groupes en fonction de l’âge des produits les plus âgés, avec à chaque fois un nombre minimum de descendants.
Le groupe A concerne tous les étalons ayant au minimum 100 produits répertoriés en épreuves internationales et le groupe E ne concerne que ceux ayant au minimum 20 descendants âgés au maximum de 9 ans. Dans le système Horsetelex, un parcours SF dans une épreuve 160 rapporte 200 points quel que soit le classement, ce nombre descend à 80 points pour un sans faute en 145 et 20 points pour une épreuve 130. Les parcours à 4 et 8 points en épreuves 160 et les 4 points en épreuve 150, rapportent également quelques points.
Ce classement a le mérite de gommer l’effet dotation qui fait que le vainqueur du GP de Calgary, d’Aix la Chapelle ou de la finale du Global Champions Tour pesait beaucoup plus dans les statistiques que celui des Jeux Olympiques ou des Jeux Equestres Mondiaux. Il permet aussi de valoriser les résultats des chevaux évoluant régulièrement bien à haut niveau sans être assez compétitifs pour se disputer les places d’honneur.
Sa limite, par rapport au classement Wbfsh, est de confondre dans la même statistique les étalons dont la production évolue surtout à haut niveau et est peu destinée aux amateurs (ex Chacco Blue ou Baloubet du Rouet) avec ceux qui s’adressent aussi aux cavaliers de 1 et 2* (ex Kannan). Ces derniers se retrouvent pénalisés par le poids spécifique dans le calcul de leurs descendants « faciles », évoluant sur la scène internationale pour « amateurs ».

 

LES PÈRES DE JEUNES CHEVAUX :

Il existe également dans de nombreux pays d’élevage des classements de pères de jeunes chevaux.
En France il est établi par la SHF et peut se filtrer par discipline et par classe d’âge. Il fait apparaître le total des points gagnés par les descendants d’un étalon, le nombre de ses produits participants et la moyenne par partant (cf encadré). Ce classement permet de comparer assez vite les jeunes étalons avec les plus anciens et de mettre en valeur ceux qui produisent de « bons élèves » sur les épreuves de formation.
 
 
Candy de Nantuel figure pour la 2e année dans le sommet de ce classement et il en occupe même la 1re place avec le critère de la moyenne des gains par partant parmi les étalons du haut du classement.
 
Chacun de ces classements a des mérites et ses limites et l’éleveur qui veut analyser la qualité d’un reproducteur à l’aide des résultats de ses produits est bien inspiré de les utiliser tous pour se faire une idée précise.
L’examen attentif de ces classements met particulièrement en valeur l’intérêt des étalons du catalogue GFE qui occupent toujours de 25 à 50 % des places d’honneur.
 
LES ÉTALONS GFE DANS LES CLASSEMENTS 2024 :

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